Inauguration de la plaque apposée sur l'ancienne BOURSE DU TRAVAIL,
par l'IHS et l'UD du VAR
Allocution d'Alain Serre, Président de l'Institut
Mes chers camarades,
Nous sommes rassemblés ce soir pour commémorer une plaque qui retrace l’existence de cette Bourse du Travail, son importance et sa riche histoire. Depuis plus de deux ans, l’IHS est sans cesse intervenu auprès de la municipalité et de TPM pour que ce projet de plaque soit pris en considération et voit le jour. Il en a fallut des courriers, des discussions et des rencontres à TPM pour qu’enfin les propositions de l’IHS soient reconnues et acceptées.
Nous avons-nous-mêmes conçut cette plaque dans son écriture et dans sa forme et elle fut enfin posée le jour de l’ouverture du Monoprix.
Les passants qui lèvent la tête peuvent découvrir en quelques mots les faits les plus marquants qui ont jalonnés cette Bourse.
Ce bâtiment fut la Bourse du Travail de Toulon de 1930 à 1997.
Ce lieu chargé d’histoire sociale fût le théâtre des luttes syndicales et a vu se succéder réunions, colloques, congrès et vie administrative des syndicats varois. Il a aussi abrité, lors de la guerre civile d’Espagne, le bureau de recrutement des brigades internationales de 1936 et l’organisation dès 1942 de la résistance dans le Var. » Ils peuvent aussi voir sur cette façade historique rénovée que Bourse du Travail y figure toujours.
L’IHS peut dire avec une certaine fierté que son action a fortement contribué à ce que cette mention ne soit pas effacée lors de la rénovation du bâtiment. Il nous a semblé utile et nécessaire, sur le terrain du devoir de mémoire, de tout faire pour rappeler l’existence de cette Bourse.
Son histoire est enracinée dans celle du service public et du mouvement ouvrier.
D’abord Palais de justice en 1830, contigu aux prisons, il devient Bourse du Travail en 1930 après l’écroulement du bâtiment qui hébergeait la première Bourse. Sur le plan historique, cette Bourse du Travail de Toulon fût à l’origine avec neuf autres (Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Saint-Etienne, Nîmes, Montpellier, Cholet et Béziers) de la création de la Fédération des Bourses du Travail de France lors du congrès de Saint-Etienne les 7 et 8 février 1892. Cette fédération sera une des composantes de la création de la CGT au congrès de Limoges en 1895.
Son principal animateur est Fernand Pelloutier et nous sommes rassemblés dans la rue qui porte son nom.
D’un point de vue historique, les animateurs à cette époque de la Bourse ont joué un rôle actif dans la création de la Confédération Générale du Travail. En 1936, lors de la guerre civile en Espagne, la Bourse se transforme en centre de recrutement pour les brigades internationales et dès 1942 la Résistance s’organise grâce aux militants qui récupèrent le matériel ronéo des syndicats pour écrire des tracts. Lors du complot des pigeons en 1952, la Bourse fût aussi le théâtre de durs affrontements entre la police et les militants de la CGT.
Le 30 mai à Toulon, la CGT organise un meeting à la Bourse et les CRS interviennent violement. Les manifestants se retranchèrent dans la Bourse en prenant avec eux un policier qu’il libéreront par la suite. La police donna l’assaut et il y eut 47 arrestations et 9 militants furent incarcérés à la prison Saint-Roch avant qu’ils ne soient inculpés pour coups et blessures et finalement innocentés par un non-lieu. Pendant la guerre d’Algérie une manifestation à Paris est sauvagement réprimée au métro Charonne faisant 9 morts, tous militants de la CGT.
Le 13 février 1962, pendant les obsèques des victimes à Paris suivies par un million de personnes, la Bourse du Travail de Toulon en deuil est drapée de noir et exprime sa solidarité. En 68, elle joua aussi un rôle important au cœur de la grève générale en abritant une multitude de réunions.
Elle fût le lieu de regroupement des luttes ouvrières pendant plusieurs décennies pour organiser l’activité syndicale, sauver les emplois, améliorer les conditions de vie et de travail des salariés. Et puis en 1997, sous la mandature du Front National à Toulon, le maire exclut les syndicats de cette Bourse et un bras de fer s’engage entre les syndicats et la mairie avant qu’une solution soit trouvée conduisant à la situation actuelle. Ce riche passé, au cœur de l’histoire sociale nous ramène à notre actualité et à la lutte que mène l’IHS pour obtenir dans ces lieux au dernier étage un espace de mémoire ouvrière de 100 m2 pour faire vivre la mémoire et la culture ouvrière et préserver dans cet endroit dévolu maintenant au tout business un lieu de préservation de service public. Depuis plus de deux ans nous sollicitons TPM, la municipalité de Toulon, le Conseil Départemental et le Conseil Régional ainsi que le ministère de la culture pour qu’ils se rassemblent pour nous octroyer gratuitement 100 m2. Seul l’ancien Conseil Régional a marqué de l’intérêt pour notre démarche.
Monsieur Hubert Falco, maire de Toulon et président de TPM, nous a confirmé son opposition à notre projet.
Ainsi 600 m2 de bureaux sont en vente au 2ème et 3 ème étage. C’est le tout business .
Dans cette attitude, il y a la volonté de gommer le passé, de tout oublier et d’effacer des mémoires une riche histoire sociale et ouvrière. Dans ce contexte, l’IHS a décidé de ne pas baisser les bras, et suite à un appel de personnalités ayant pris position pour l’obtention d’un espace de mémoire ouvrière dans les lieux de l’ancienne Bourse du Travail de Toulon, nous relançons une pétition dans le but de mieux faire connaître notre activité et de rassembler largement autour de notre démarche celles et ceux qui ont à cœur de défendre le devoir de mémoire et de faire vivre le passé. Notre but étant d’organiser ensuite, en présence de la Presse, une large délégation portant les signatures à monsieur Falco afin de créer les conditions de l’ouverture d’une réelle négociation portant sur l’obtention gratuite de cet espace de mémoire ouvrière. Rien n’est joué. Tout dépendra du rapport de forces que nous saurons construire !
La plaque rappelle ainsi l’importance des Bourses du Travail dont il faut défendre aujourd’hui l’existence.
C’est un acquis important pour tout le mouvement syndical.
Les locaux syndicaux sont un droit particulièrement bafoué en ce moment dans le Var et je pense à nos camarades des Unions Locales de La Garde et de Cogolin. L’action de l’IHS fait en permanence le lien entre le passé, le présent et le futur.
Comprendre le passé, c’est être mieux armé, plus conscient pour affronter les enjeux de la période et les défis de demain.
Jules Michelet a écrit que : " celui qui voudra s’en tenir au présent, à l’actuel, ne comprendra pas l’actuel ".
Alors je vous invite mes camarades à faire connaître cette plaque qui rappelle notre riche histoire et à vous associer aux actions entreprises par notre IHS pour l’obtention d’un espace de mémoire ouvrière. Vive l’histoire sociale.
Vive la mémoire et la culture ouvrière.
Vive notre IHS et notre CGT.